Sunday, March 22, 2020

Mettez sur votre coeur une goutte du sang précieux de Jésus-Christ et ne craignez rien

Aimer la Vérité ! Gloire au Sang de Jésus

Le 1er janvier, 1874, vers midi le Bienheureux Pape Pie IX a reçu, dans la salle du Consistoire, les bons souhaits de la part de tous les séminaristes étrangers existant à Rome. Il leur a donné ce discours :

Oui, c'est une pensée fort juste que celle que vous venez de m'exprimer; oui, il est très-vrai que l'Eglise est fondée supra firmam petram. C'est là un fait incontestable et une preuve éclatante que l'Eglise est l'oeuvre de Dieu. Ce fondement de solidité, de force et de fermeté, est de son caractère et resplendit à tous les âges, spécialement aux époques de persécution et de tyrannie.

Si vous en voulez une preuve, vous l'avez dans le saint que nous honorions il y a peu de jours. Saint Etienne fut un des premiers enfants de l'Église catholique, et nous savons qu'il n'avait rien plus à coeur que d'annoncer et de défendre la vérité. Mais la vérité, ô mes enfants, était déjà combattue alors par les pharisiens, comme elle l'a toujours été et l'est dans les temps actuels par les successeurs de pharisiens : la vérité on ne veut pas l'entendre. Le premier martyr saint Etienne fut la première victime de l'amour pour la vérité ; il fut sacrifié par les incrédules et les ennemis de la vérité, et tandis qu'il subissait le supplice des pierres et même à l'instant où il rendait son âme à Dieu, il priait pour ses bourreaux.

Il n'y a pas de doute : l'Église a toujours vaincu ; les oppositions, les oppressions, la tyrannie n'ont pas pu la dompter. Les pierres qu'on lançait il y a dix-neuf siècles au premier martyr, on les lance encore de nos jours aux défenseurs de la vérité. Les ministre de Dieu, les membres du clergé régulier ou séculier sont exposés à toutes les injures : aux coups de pierre, aux coups de bâton, aux blasphèmes. Spectacle plein de tristesse ! Ceux-là mêmes qui devraient mettre un frein à ces désordres font comme Saül, ils gardent les vêtements des assaillants, donnant ainsi un encouragement, ou du moins une plus grande liberté de mouvements à ceux qui veulent lancer des pierres sur les oints du Seigneur.

Mais tout cela produit quelque chose de bien consolant : il y a partout un grand réveil de la foi, qui donne aux fidèles le saint courage de s'adresser avec un amour plein de confiance à Jésus-Christ et de parler aux puissants de la terre avec toute la force de leurs convictions. Que Dieu soit donc loué et béni dans toutes les saintes dispositions de sa providence !

Imitez, mes enfants, saint Etienne,

je vous le recommande ; vous ne ferez pas comme lui des miracles proprement dits : signa multa et prodigia, mais vous pouvez l'imiter d'une certaine façon qui pourra aussi produire des miracles. Oui, il y a des miracles à la portée de tous, et je vais vous en citer un exemple : celui de vaincre ses passions. Un jeune homme orgueilleux qui devient un agneau d'humilité, voilà un miracle; un autre, sujet à des distractions, ayant peu de goût pour l'étude, devient appliqué, recueilli, régulier dans l'accomplissement de ses devoirs, voilà encore un miracle. Ce sont ces prodiges que je souhaite que vous fassiez; par là vous prouverez à la société moderne qui ne croit guère aux miracles que, moyennant la grâce de Dieu, on peut changer de caractère, que le lion peut se transformer en agneau, l'aigle en colombe. Et ce sont là de grands miracles.

Pour pouvoir mieux atteindre le but, je vous rappellerai une exhortation que saint François de Sales faisait à quel qu'un le jour de la Circoncision. Il dit : Que chacun cherche à s'emparer de quelque petite goutte de ce sang précieux qui sort pour la première fois du corps très-saint de Jésus-Christ et qu'il place ce sang précieux sur son coeur ; car, lorsque l'Ange exterminateur se présentera, en voyant ce sang, il poursuivra sa route et ne touchera pas ceux qui le portent en leur sein.

Je vous adresse la même exhortation : mettez sur votre coeur une goutte du sang précieux de Jésus-Christ et ne craignez rien : l'Ange exterminateur n'osera pas vous toucher : vous n'aurez pas à redouter son épée; mais vous le vaincrez et vous pourrez répéter ces miracles sur vous-mêmes dont je viens de vous parler. Dans ce cas, ô mes enfants, vous pourrez nourrir la douce espérance d'imiter également saint Etienne dans les visions consolantes de la dernière heure, vous pourrez répéter avec le premier martyr : Ecce video coelos apertos et Iesum stantem ad dexteram virtutis Dei. Je vois le ciel ouvert, et tandis que les hommes me persécutent et me tourmentent, Jésus-Christ étend ses bras vers moi du haut du paradis et envoie ses anges à ma rencontre : les anges viennent à moi, afin qu'après que je serai séparé de cette enveloppe matérielle qui s'appelle le corps, je puisse voler avec eux au ciel.

Je suis loin d'affirmer que vous pourrez tous voir, à l'heure de votre mort, le ciel ouvert devant les yeux; mais après les miracles que je viens de vous conseiller, il est certain que vous aurez à cette heure suprême la conscience tranquille, l'âme remplie de calme. Vous pourrez dire à Dieu : Fidem servavi. O mon Dieu, je n'ai pas été infidèle : Cursum consummavi : in reliquo reposita est mihi corona iustitiae, quam das, iuste iudex, non solum mihi qui nunc morior, sed omnibus illis qui diligunt adventum tuum.

Voilà les souhaits que je fais pour vous, ce premier jour de l'an, et que je vais accompagner de ma bénédiction. Je vous bénis, pour que vous puissiez faire cette fin précieuse. Je vous bénis dans vos études, dans vos prières et même dans vos récréations, en un mot, dans tout ce que vous pouvez accomplir dans la vie pour la gloire de Dieu. Debout, chers enfants, debout; il ne faut pas s'endormir, car les temps sont mauvais : tempus faciendi, Domine : dissipaverunt legem tuam. C'est à nous, c'est au clergé, qu'il appartient de défendre les droits de l'Église, de s'employer au salut des âmes, d'étendre à toute la terre le règne de Jésus-Christ.

Dieu vous appelle à cette haute mission, et c'est très grand honneur pour vous de pouvoir l'accomplir. Donc, fixez vos yeux, pleins de foi, au ciel et voyez Jésus-Christ qui lève le bras, dans ce moment même, et vous bénit en soutenant le faible bras de son indigne Vicaire.

Benedictio Dei, etc.

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